Au XIXe siècle, l’élevage dans les milieux urbains tient encore une place importante. Il s’est éloigné de la ville avec le développement de la chaîne du froid, du transport ainsi que du traitement et conservation des produits laitiers, des œufs et de la viande. Les autorités, pour des motifs de pollution et de nuisance sonore, ont toujours interdit l’élevage en ville. En effet, les poules qui caquettent et les coqs qui chantent, chose normale dans les milieux ruraux, sont des nuisances sonores en ville.
La métropole de Lyon est un bon exemple d’initiative pour le retour à l’élevage urbain. La ville de Lyon, pour gérer 124 hectares de prairies et de pelouse sèche, possède un troupeau de 30 vaches auquel s’ajoute depuis 2014, 30 chèvres. En outre, 40 % de cette ville sont constitué d’espaces naturels et agricoles. À Grenoble, une ville montagnarde, on recense 144 exploitations dont la moitié est en bovin. Certes, les élevages dans ces deux villes ne sont ni professionnels ni réellement destinés à la consommation, mais ils visent plutôt à l’entretien de parcelles, une façon de « désartificialiser » et « renaturaliser » la ville. On parle plutôt de « vaches tondeuses » ou de « moutondeuses ».
La tendance actuelle : manger sain et « traçable »
L’agriculture urbaine est déjà une réalité, considérée quoique de manière utopique, comme une solution à l’autosuffisance alimentaire. Beaucoup de Citadins possèdent leur propre jardin potager ou du moins une petite culture à des fins décoratives. Quant à l’élevage en ville, il est encore très rare, souvent source de conflit de voisinage et très réglementé par le code rural et de la pêche maritime ainsi que les règles de l’urbanisme, concernant les espèces et le nombre d’animaux qu’on a le droit de posséder. Par exemple, l’élevage de volailles est autorisé en ville, mais uniquement pour sa propre consommation d’œufs et/ou de la chair. L’éleveur n’est pas autorisé à vendre le produit de son élevage. L’avantage, qui n’est pas moindre, est que vous connaissez d’où vient ce que vous consommez.
Valorisation de déchets et lutte contre le gaspillage alimentaire
L’élevage en milieu urbain est également un moyen pour valoriser les déchets alimentaires. Les poules et les lapins peuvent consommer vos restes de tables. Par exemple, les épluchures de légumes et de fruits, constituant une grande partie de vos déchets domestiques, feront leur bonheur dans le clapier. En outre, des produits qui dépassent la date de péremption peuvent encore être consommés par les animaux sans leur causer du tort.
Voici quelques chiffres qui risquent de vous donner le vertige : dans le monde, on gaspille à peu près 1,3 milliard de tonnes d’aliments chaque année et rien qu’en France, le coût du gaspillage alimentaire se chiffre à un peu moins de 20 milliards d’euros par an. L’idée n’est pas de l’éradiquer, mais de contribuer à le diminuer.
Avoir la surface suffisante et le cadre propice
Il est possible de faire des élevages en ville à condition de se soumettre aux règles et contraintes imposées par l’autorité. Mais la condition primordiale requise est d’avoir le terrain suffisant et de veiller à ce que cela ne génère pas de problème superflu à l’environnement et au voisinage. L’élevage de poules et de lapins, qui ne requiert pas beaucoup d’espace, semble être le plus adapté.
Élevage urbain : cela a un coût
Si vous vous lancez dans l’élevage en milieu urbain, vous devez être conscient qu’il s’agit d’une activité qui n’est ni faite pour en tirer des revenus ni pour subvenir totalement à ses besoins personnels. Il coûte cher et demande du temps et d’effort, vous devez acheter les animaux, vous investir pour leur abri, leur nourriture et les soins vétérinaires.
En résumé, l’élevage en milieu urbain est loin d’être une activité génératrice de revenu, mais plutôt une façon d’entretenir des nouvelles relations entre la ville et la nature. Mais sa réussite dépend en partie d’un coup de pouce de l’autorité en place, consciente de l’enjeu que cela peut représenter.